mercredi 13 août 2014

Sous les sapins, la plage !

Plus de retard que prévu dans l'écriture car je viens d'effacer 4 jours de notes sur cet article par erreur
(oui j'ai mal au cul mais bon). On se resitue, je posais donc le pied à Haparanda (Suède), hier.

Jeudi 31 juillet 2014 Haparanda BREAK
Je glande comme une merde sur l'ordi, toute la journée. Une grosse perte de temps.


Vendredi 1er août 2014 Haparanda - Luleå 143 km (jeune Findo-Suédois 141km, mes pieds 2km)
Alors que je pense rester un jour de plus pour gla.. me reposer, je ne prépare pas mon sac pour le check-out de 12h. À 14h30, le gérant est très surpris de me trouver encore dans ma chambre et me fait comprendre que je dois dégager avant 15h car quelqu'un a réservé la chambre.


Voilà à quoi ça devait ressembler quand il est entré, plus moi en caleçon vautré sur le lit.

Ahem... D'habitude je mets 45min pour faire mon package, là alors que j'étais sur le p.c. quand le gars est arrivé, je réussis à vider la chambre en 20min chrono. Je "drop the key" à 14h59 et pose le pieds dehors à l'heure pile. Et là grosse tarte dans la face, ça fait deux jours que je suis enfermé, le soleil me crame les rétines.


En route pour le stop, dédicace à Grimpunx, Haparanda.

Je fais mes commissions avant de trouver un bon spot pour 'stop. Choux blanc, 1h30 d'attente pour rien, je bouge, respectant mes règles de l'autostop et trouve un arrêt de bus où je ne reste que 15min.
Le gars qui me prend a mon âge. Il me demande de quel pays je viens (Switzerland) et me dit alors qu'il y est déjà allé. Il y était pour visiter le C.E.R.N. et le musée horloger de Patek-Philippe avec son école. Il a adoré Genève qu'il a trouvé magnifique, particulièrement le centre ville. Si agréable qu'il aimerait bien y retourner. Je lui dit alors que non seulement c'est la ville d'où je viens mais aussi que son musée est sur la commune où je vis, à 300m de chez moi. Je lui dis aussi que dès mon retour de voyage, l'appartement comptera une chambre libre destinée au couchsurfing et qu'il y sera bienvenu.
On va à Luleå chercher son pote à l'aéroport et j'en profite pour trouver des infos pour un camping proche et pas cher.




Je me retrouve une heure plus tard dans une confortable cabane, car les moustiques et l'orage me découragent de monter ma tente.


Samedi 2 août Luleå BREAK
Je reste au camping et glandouille tranquillement sur l'ordi, en début de soirée je tente un skype qui restera dans les annales avec J. et T. (je ne sais toujours pas ce qu'était l'arôme des nouilles...)



Dans ces moments, le couteau suisse est ton ami.

Dimanche 3 août Luleå - Byske 93km (Polyester Slalome Senior 15km, "pris pour sa femme" 26km, bus 49km, mes pieds 3km)
Réveil vers 10h, package (quotidien...) drop the key à 12h et go ! J'ai repéré une bretelle d'autoroute par satellite la veille, c'est donc là que je me dirige. Comme espéré, la bretelle est bien faite, y'a de la place et je suis visible. Je cuis là pendant 1h.
Une volvo rouge complètement délabrée s'arrête. Un sosie de S. Stallone est au volant 
mais ne parle pas anglais. Bien que mon instinct me dise de ne pas monter, que le fait qu'on ne puisse pas communiquer, je m'embarque à l'arrière pour 15km. La cuisson ardente du soleil a certainement cramé mon unique neurone. La voiture est en mauvais état, pue la pisse, le passagers avant et le conducteur pas mieux. Celui-ci a d'étranges soubresauts, secouant la voiture par la même. J'en sors vivant, mais largué au milieu d'une autoroute. Le gars étant épais comme un viking, l'équilibre de graisse et de muscle qui fait que tu lui cause gentil, je n'ose protester. Je le regarde repartir et disparaître avant de longer l'autoroute jusqu'à la prochaine bretelle.
Je trouve alors un arrêt de bus où j'attends des voitures qui tournent au rond-point mais ne vont jamais dans ma direction. Suis-je maudit? J'attend 2h et un bus s'arrête. Le gars me dit que le bus pour Byske passe dans 10min à ce même arrêt. 2h heures plus tard (je ne suis pas dans ce bus) je sonne à une maison pour demander quand arrive celui-ci. Dans une heure... Je me réinstalle donc dans mon abri et fais une sieste.
"BIIIP !" Pensant que c'est lui, je bondis avant même d'ouvrir les yeux. En fait il y a là une voiture au moteur coupé. Censé décoller dans 10min... hm je me tâte... je demande au conducteur s'il peut me me pousser quelque kilomètres.
Yess! Je pose mon sac dans le coffre puis m'installe dans le véhicule. Il ne démarre pas et semble attendre quelque chose, puis prend son natel et passe un court appel. Il me dit alors qu'il m'a pris pour sa femme, d'où le coup de klaxon quand je dormais. Celle-ci était à l'autre arrêt de bus. Le gars me pose 20min plus tard à la "BusStation" de Piteå où pour la modique somme de CHF 5.- j'ai un bus pour 50km.
Arrivé à Byske, je fais mes emplettes avant de marcher en direction du camping tout en me faisant une orgie de chocolat blanc (Lindt mousse). Dépassant une bordée de sapins, je ne trouve pas le camping mais une plage de sable fin, presque déserte. Continuant d'avancer, se dévoile peu-à-peu des maisons, puis des cabanes et enfin le fameux et recherché "Byske Havsbad" . J'y loue une cabane car bon marché et commence par m'effondrer sur le lit où je reste pendant 2h. Je lis ensuite pour ma Maturité en mangeant puis me douche et dodo tout nu dans un drap tout doux.



Lundi 4 août 2014 Byske BREAK
Je me réveille vers 10h, petit déjeune et bosse ma matu une vingtaine de minutes. Je fais mes comptes de cloture du mois de juillet et déménage ensuite vers l'espace tente, moins coûteux pour les prochains jours (car j'ai décidé de rester un peu). L'endroit est vraiment agréable, l'air est à 28°C avec un vent léger venant de la mer et l'eau à 20°C.
Après, je flâne un peu, fais mes comptes kilométriques et cartes puis me baigne 20 longues et agréables minutes avec mon short de tous les jours. Le temps de marcher jusqu'à ma tente et il est presque sec, sauf le derrière. J'opte donc pour la solution de facilité, la sieste ventrale sous tente.

Bienvenue chez moi.


Je m'achète ensuite une glace que je mange en me promenant sur la plage puis mange dans la salle commune du camping. Me vient une question intéressante. "Combien de kilomètres ai-je parcouru depuis mon départ?"

Pouce levé                    2'862km
Bicyclette                   903,95km
Mes pieds                         60km
bus&trains                    2'390km
ferries            [calcul ultérieur]km

TOTAL                    6215,95km
au 04.08.2014

Mardi 5 août 2014 Byske BREAK 1km à pieds
Je me lève tard, déjeune et glandouille.

Quand la confiture devient sculpture...

Je fais ma lessive et mange en même temps. "Quoi!?"
"Bah oui, machine à laver, héhééé..." Je la suspend et fait une sieste bien méritée pendant qu'elle sèche. Je fais ensuite des recherches sur les vélomobiles [article futur].
Je refais des comptes plus précis et me rend compte à quel point la Suède est bon marché. Ici, 6 nuits de camping (1 semaine) sous tente me coûte un peu moins de CHF 200.- nourriture et lessive comprise.
Je m'offre une nouvelle glace pour fêter ça.

En plus des habituelles voitures à pédales, voici ce qu'on peut louer ici.

Mon trip prend un air de vacances et j'aime ça.

Mercredi 6 août 2014 Byske BREAK 7km à pieds, ça use, ça use...
Hier soir, impossible de m'endormir avant 1-2h du matin, malgré la fatigue. Donc parmi les choses à faire aujourd'hui (lecture Matu, commissions, trouver une poste etc.), je pense que plusieurs sont compatible avec PLUS D'EXERCICE PHYSIQUE.
En me réveillant à 11h30, j'ai toute la journée devant moi. Je roule donc un sac plastique que je glisse dans ma poche et marche jusqu'à la forêt (y'en a partout).



Un moment, je vois que 3 moustiques me suivent, je tape un sprint sur 50m pour les semer et quand je regarde derrière moi, ces saloperies de putains d'intelligents bestiaux profitent de l'appel d'air pour me poursuivre. Je les feinte finalement en courant 5min face au vent, en zig-zag.



Je fais quelques photos dans une zone plus sèche et revient par un joli chemin.







Alors que la route apparaît devant moi, ma vigilance baisse et une "salope d'énorme pute de bitch-moustique" me pique le bras (plus c'est gros, moins ça use d’anesthésiant, débile). Je lui envoie une claque MA-GIS-TRA-LE. Elle en a payé le prix. La douleur qui se réveille pendant mes commissions est cuisante, je me demande si la main qui s'est violemment écrasée sur mon bras y est pour quelque chose...
En tout cas j'ai tout de suite un énorme bouton, sans gratter.
Le soir venu, je coupe des poivrons, aère les 4 côtelettes de porc et prépare le grill jetable que je viens d'acheter. Effectivement, il n'est bon qu'à jeter. Je respecte toutes les règles données et il s'éteint piteusement. Heureusement, un Norvégien costaud (M. Propre en bronzé) vole à mon secours en m'offrant le barbercue, charbon et allume-feu qu'un autre campeur avait laissé derrière lui quelques jours auparavant. 15 minutes plus tard, ma viande est sur le feu et "crie".



La chaise que j'ai trouvé près des poubelles, peu après. Petite mais confortable.

Elle crépite bruyamment, la graisse tombant dans le brasier lui fait cracher des flammes, mêlée aux poivrons l'odeur se répand, je me réjouis déjà. Lorsque le sang remonte à la surface, je la retourne "Hou, c'est chaud !" avec mon fidèle Swiss Army Knife. Je fais volontairement tomber quelques poivrons dans le feu, pour que la fumée embaume ma viande. Je retire enfin mon repas de la grille et laisse refroidir 3min mais ne peux attendre plus longtemps.
Assis par terre, je saisi ma viande par l'os, ça me brûle mais j'ai trop faim et je calme la douleur par le plaisir de bouffer comme un porc ce gras dégoulinant et caramélisé. Je suce les os bruyamment, faisant se retourner mes voisins. Tout cela, sans sel ni assaisonnement, rien que le goût pur de la viande rouge, le croustillant et l'arôme des poivrons.
J'en ai jusque dans les cheveux... Je me refais une beauté, puis melon et couteau en main, je me dirige vers M. Propre et sa smala pour un joyeux partage fruité, en remerciement pour le sauvetage. Nous discutons pendant 2h de kayaks, de parapente, de coutellerie adaptée au bushraft, de rando etc. Accessoirement, j'en ressort avec des piqûres de moustique sur le crâne, très agréable. J'inonde littéralement mon feu (sécurité) et je dors.

Jeudi 7 août 2014 Byske BREAK 5km à pieds
Je me réveille avec un immonde cauchemar, que je couche en 4 pages sur le papier. Après ça, je me recouche et me lève pour de bon à 13h30.
Je prend une bonne douche et j'écris mon journal de bord pour les deux jours précédents (c'est quand j'ai le plus de temps que je n'écris pas, logique).
Le tonnerre gronde vers 14h, en même temps qu'apparaissent de menaçants cumulonimbus, heureusement repoussés vers l'intérieur des terres par le doux vent du large.
J'envoie ensuite un sms à un ami car une idée germe dans mon esprit. Les rêves que je fais sont si prenants et imagés que j'ai envie de les faire illustrer par celui-ci. Il me rappelle plus tard et je lui raconte le rêve, avant d'aller au super-marché faire le plein de boustifaille. Je me couche d'ailleurs sans manger, pas faim. Paradoxe.

Vendredi 8 août Byske BREAK 10km à pieds
"Ha ! Encore un PUTAIN de rêve ! ! !"
Je me réveille à 9h30 et attaque l'écriture de ce rêve gigantesque vers 10h. Retenant ma faim et mon irrépressible envie de pisser (on reste humain), il me faut alors 4h pour poser 10 pages de ce songe merveilleux sur le papier, sans même détailler complètement le décors. Le but est simplement d'éviter que le souvenir s'échappe par le siphon du réveil.
Il est maintenant 14h10 et comme hier, le tonnerre se met à gronder, les nuages s'amoncellent alors que le soleil s'accroche aux sapins. Le vent du large est présent, comme hier.
Seulement, quelque chose dans l'air a changé et j'ai l'impression d'être le seul à le sentir. Je prépare donc tranquillement mon campement, rassemblant mes affaires sous l'abside et rangeant l'intérieur de ma tente pour éviter que les parois de la chambre ne touche la toile extérieur.
[La meilleur des tentes imperméables n'est jamais imperméable, c'est pourquoi les chambres sont séparées, mais si un sac appuyé rassemble les deux, l'eau s'infiltre...]
J'en profite pour vérifier que les ancrages de la tente n'ont pas bougé et retend la toile extérieur. J'observe alors une araignée faire la même chose avec la sienne. "Hmm, un signe de plus: l'orage approche." Je m'installe donc pour la sieste, moustiquaire fermée et tente ouverte.
Effectivement, 10 min plus tard, je suis réveillé par des "Ploc! Plocploc!" et je n'ai plus qu'à tendre le bras pour fermer la tente et hiberner un peu. Juste avant de fermer complètement, je regarde les gens s'agiter comme des fourmis pour sauver leurs biens de la flotte qui tombe maintenant comme versée d'un seau.
Je réalise que ce voyage me change profondément et me rend plus sensible à certaines choses, attentif au signes que la Nature me donne.
Je sors de mon lit juste quand la pluie s'arrête. Ma tente est donc "orage-proof", elle avait connu la pluie continue de Mandal (Norvège), mais ce n'était rien à côté de ce qui est tombé aujourd'hui (+vents violents). Certains voisins ont mal choisi leur emplacement et leur tente baigne dans 10cm d'eau, un peu comme le pauvre gars au camping de Førde. Je me demande quelle tête ils feront en rentrant ce soir.
Je ne soulignerais jamais assez à quel point l'emplacement est important. Vous pouvez avoir la tente bunker la plus épaisse, imperméable etc. Il suffit d'un trou minuscule pour que votre bivouac se transforme en enfer froid et humide. Un bon article ici pour vous conseiller: Bien installer son bivouac, auquel j'ajouterais, que si pour une raison qu'on ne peut expliquer, on n'aime pas un endroit qui a l'air idéal, se fier à son instinct et trouver un autre spot.
Revenons à nos moutons, il est 17h et des broutilles, me voilà marchant 10km sur un sentier forestier fort sympathique.



Je me prépare ensuite des "spagouzes", sans huile, sel ou beurre que j'égoutte en retournant la popote et maintenant son contenu à l'aide du couvercle.



Les pâtes sont toutes collées ensemble, mais je les aime nature et cela ne change en rien leur goût.
Bonne nui-ppétit!

Samedi 9 août 2014 Byske BREAK
Journée de glande totale et assumée (faire pipi, retour au lit, manger, retour au lit, ouvrir les yeux "ouh ce que c'est dur !" les refermer...).
Puis spagouzes pendant skype avec R. puis K. Je les salue au passage.

Dimanche 10 août 2014 Byske BREAK
Je me lève vers midi et fais une recherche sur les réchauds à bois faits main. J'essaye ensuite un prototype construit avant ces recherches:

Il s'avère dangereux en plus d'être inefficace.

Vous recevrez plus d'informations sur le groupe fessebouk Randonnée/Survie, car ici on est un poil plus axé sur le vélo, même si je suis en voyage et que je me retrouve à pattes et autostop...
Après cela, je me cuisine mes pâtes et excès de gourmandise, je pose un marshmallow sur une cuillère avant de le chauffer au campingaz. Je le laisse refroidir un moment et pensant que "c'est bon", je pose délicatement la cuillère sur ma langue qui fait alors: "PSSSHHHHH !!!" La brûlure cinglante est heureusement effacée par l'insensibilité, comme avec un thé trop chaud. Je me prends en photo pour constater les dégâts et me voilà déçu d'avoir fait une grimace pour un "rien" si douloureux au départ.

Mais non, c'est pas cette photo là.


Lundi 11 août 2014 Byske BREAK
N'ayant pas écrit dans le journal, je peux assurément dire que j'ai glandé.
En soirée, alors que je m'apprête à publier l’aïeul de l'article que vous lisez en ce moment même, une fausse manœuvre l'envoie
"ad pâtres".

"Raaaage !"

Je me remet donc à bosser dessus pour le publier le lendemain.

Lune de 3h du matin, c'est déjà l'aube.



Mardi 12 août 2014 Byske BREAK
Beaucoup de recherches approfondies, à la fois pour la matu et ces fameux vélomobiles, ainsi qu'un looong travail pour refaire ce que j'avais écrit du blog, 4 jours d'écriture "sauvés" par mon unique mémoire organique.
Je travaille dans la salle commune, où j'ai retiré mes chaussures pour m'assurer d'être tranquille. (Et ça marche!) Maintenant 22h44, il me reste 16min pour mettre les photos et ajuster la mise en page avant de me faire "jarter" par la sécurité du camping.




Ces trois photos montrent la route que j'ai suivi depuis le train de nuit (nuit 22) Trondheim - Bodø au Cap Nord, puis la descente vers le sud, Kárášjohka, puis disparition hors carte par la Finlande et Haparanda (Suède).

vendredi 1 août 2014

Arctic Circle

Lundi 28 juillet 2014 Nordkapp - Honningsvåg 45km (bus 25km de N. à H. , mes pieds ~20km d'allers-retours en ville)
Quand je me lève à 10h30, je suis frigorifié. Le brouillard est le plus insidieux des ennemis, il se faufile partout et humidifie tente, vêtements, sac de couchage. Je me fais offrir le thé du matin, en échange j'offre un brocoli et du miel. Le troc fait partie du voyage et facilite les contacts, surtout, jamais d'argent !
Et comme la nuit, même glaciale, porte conseil, je trouve un moyen d'acheter ce fameux pull. J'ai dans mon porte-monnaie des € oubliés. Me voilà réchauffé et bienheureux avec un trophée qui plus est. J'ai quelque couronnes avec lesquelles je m'achète deux pâtisseries en guise de petit-déjeuner. Je profite du site touristique pour être au chaud, prendre quelque photos.



Vise moi ce pull qui m'a tant coûté (pas seulement en argent).





Et surtout faire un peu de couture. Vous vous souvenez? Mon sac est entrain de lâcher...



Je dépense mes toutes dernières NOK pour le ticket de bus me menant à Honningsvåg. Sur le chemin, les paysages sont terribles !





L'ATM devrais me permettre de me pourvoir en cash là-bas. Arrivé sur place, 21 couronnes en poche (CHF 0.-35), l'ATM est vide. Je n'ai plus d'euro, mais une réserve de CHF 60.- . Malheureusement, personne ne peut me faire de change et je tourne en rond. Je découvre ça (je savais que ça existait, mais pas que ça se trouvait pour de vrai en magasin):



Pas mal crevé mais jamais abattu, je décide d'aller voir une usine désaffectée de plus près, comme solution de replis.



Malheureusement, inhabitable.
Je choisi donc l'option confort à moindre prix, avec toilettes mais sans chauffage, avec le risque d'expulsion en prime:



Installé entre deux travées, les touristes me regardent éberlués. J'ai avec l'un deux, un Chinois, une longue discussion, que ne peux vous retransmettre.
Au moment de m'endormir, je suis presque certain qu'un autre touriste m'a pris en photo, ça devait donner ça, mais avec moi sur la natte.



Mardi 29 juillet 2014 Honningsvåg - Kárášjohka 418km (vieux couple poisson avec Russe 70km, Kurt Cobain avec Russe 115km, deux racailles 8km, roux sympa 215km, mes pieds 10km)
Dur début de journée, ne me reste que du miel et de l'eau. L'ATM n'a pas été rempli pendant la nuit, je pars donc l'estomac vide et sans le sous. J'attends près d'une heure à la sortie d'Honningsvåg. Un gars chargé d'un sac arriver et fait aussi de l'autostop. C'est un Russe, il parle peu mais il est sympa. Quand je lui raconte mes mésaventures et surtout mon problème d'argent, il m'offre une boîte de thon pour la route.
Nous sommes pris en stop par des vieux qui ont un bac rempli de poisson dans le coffre. Ils nous posent près du camping où j'étais la veille d'arriver au Cap. Au bout de 2h d'attente, nous sommes repris par un barbu à long cheveux: "Kurt cobain", qui va à Tromsø en passant par Alta (mon stop).

Entre Honningsvåg et Alta.

Dans Alta, il fait un détour pour me permettre de retirer de l'argent. Comme je n'ai pas envie de les faire attendre (le Russe et Kurt), je retire, mais je ne m'achète pas à manger.
Ainsi, quand il me pose à la sortie de la ville, je me sens un peu con. J'attend un rien de temps et je suis posé sur une route si droite que lorsqu'on voit arriver une voiture, elle met en fait 5 minutes pour arriver à ta hauteur. J'y attend 2h le roux. Je voulais aller à Kautokeino, mais lui pars à l'Est dans quelque kilomètres et je ne me vois pas attendre, le soir, le long d'une route peu fréquentée alors que les moustiques sont partout (Eh oui, je suis en Laponie). Je décide donc de poursuivre avec lui. Très sympa, il m'attend devant la coop pendant que je vais m'acheter à manger, puis me dépose devant un motel.
Celui-ci est trop cher, je me dirige vers le camping en marchant à toute vitesse, pour ne pas me faire dévorer par les moustiques, nombreux et surtout énormes. Là, je décide de louer une cabane pour être tranquille et confort après ces dures journées. Je tue trois gros moustique DANS ma cabane, maintenant je peux dormir.



Mercredi 30 juillet 2014 Kárášjohka - Haparanda (Suède) 578km (gérant du camping 2km, Finlandais 574km, mes pieds, 2km)
Journée presque monotone, je me lève, prépare mes affaire et pars, déjeunant en marchant, un paquet de cookies à la main. Je demande conseil au gérant du camping, sur la route à suivre pour descendre vers le Sud en Autostop. Je rend ma clef et commence à autostopper. 5 minutes plus tard, c'est le gérant qui passe par là et me pose sur mon prochain spot, où j'attend 1/4 d'heure le Finlandais. (...obligé d'écourter car au moment où j'écris, il me reste 30min pour quitter les lieux.) Nous roulons des heures, dans un no man's land, il me dit qu'à l'Est comme à l'Ouest, là où nous passons, il n'y a rien sur plus de 300km. Wild Nature.
Et quand on arrive dans un bled, je comprend que je suis vraiment dans le trou des trous du culs du monde, avec ce panneau:



Sur la route, il accepte de s'arrêter 5min pour que je puisse prendre en photo officiellement mon passage du Cercle Polaire Arctique.



Quelque 200km plus tard, me voilà dans un motel, entrain d'écrire ces lignes, après qu'il m'aie déposé à la frontière entre la Finlande et la Suède.
(Ah oui, peu après Kárá... j'étais en Finlande du Nord, traversée d'un coup avec mon Finlandais donc.)

71°10′21″N

Il s'en passe des jours entre chaque article, je ne peux malheureusement pas faire mieux, donc voici encore un pavé. Je vous invite à cliquer sur les photos, car elles sont parfois coupées. (p.e: l'avant dernière, falaise dans la brume)

Mercredi 23 juillet 2014 Trondheim - Bodø 711km (train 706km, mes pieds 5km)
Aujourd'hui c'est break au camping. Je fais la grass' mat' jusqu'à 8h30 (30min AVANT mon réveil) à cause de ce p*tain de soleil. Puis je me mets à bosser: repères sur cartes, comptage de kilomètres, écriture de cartes postales etc. 4h plus tard j'ai pondu un pavé dans le blog.
Je quitte le camping et arrive vers 20h30 en ville. Je m'y ballade pendant quelques heures, appareil photo en main. Je cherche tous les endroits où LE touriste ne va pas, quartiers mal-famés, port abandonné etc. Le tout dans un couché de soleil presque éternel (une petite vidéo pour vous expliquer ça).



Ainsi je découvre par hasard une mosquée (que je n'ai pas pu prendre en photo) et le plus drôle c'est que l'arrière du bâtiment donne sur une boîte de strip-tease.



J'ai trouvé aussi des rues où on a décidé de laisser de la verdure, ça donne un certain charme.



Dans les ruelles des faubourgs,





il y a parfois d'étranges magasins, comme sortis du fond des âges.





En plein centre ville, par un détour tortueux, des "Gypsies peoples" campent dans une cour.

John-La-Mouette leur tient compagnie, dans la douceur de ce début de soirée.

Alors que vers le port, on affiche son style "vintage"...



Et là, l'heure avançant gentiment, je me redirige vers la gare et découvre un énorme ouvrage, un pont ferroviaire avec un contrepoids, qui doit certainement se tourner pour laisser passer un bateau.



Je suis bien en avance, mais j'aime bien attendre en gare.
Pendant deux heures, des trains passent, les voyageurs se croisent, échangent des regards. Je m'assieds sur un banc, dos au soleil couchant et commence à tartiner du pâté et à manger. Sur le quai d'en face, un couple échange de tendres baisers et j'entend parfois quelque gloussement. Derrière moi, une guitariste et chanteuse s'essaye à quelques ballades (complètement ratées), un échange de regard avec le couple et nous éclatons de rire. Un long moment s'écoule, le ciel virant du rose au violet s'assombrissant si doucement que ni mon appareil photo, ni ma plume ne pourraient vous le décrire.
Je suis maintenant dans le train et j'observe un passager qui est ressorti et semble faire comme je le faisais tout-à-l'heure, attendre sans impatience, dans l'air frais du soir.
Je profite de cette atmosphère très spéciale, celle de la solitude, mais pleinement acceptée, accueillie comme une amie. Est-ce pour cela que je ne me sens pas seul?
Maintenant, le train démarre et je me décide à ouvrir ce drôle de paquet, que chaque passager trouve sur son siège. Il s'agit d'une couverture polaire, d'un masque pour les yeux (dodo), d'un oreiller gonflable et de boules pour les oreilles.
Je m'endors après quelque échanges sur la générosité de la NSB avec d'autres passagers.

Jeudi 24 juillet 2014 Bodø - Saltstraumen 33km (H 7km, couple 11km, papa et 3 jeunes 10km, mes pieds 5km)
Il est 1h34 du matin, l'arrêt du train me réveille après un cycle de sommeil. En partant de Trondheim il faisait nuit, maintenant il y a une lueur clair à l'Est, le Nord approche pendant que je me rendors.
Je me réveille finalement à 7h30 du matin (*). En observant le paysage, je me fais la réflexion que: soit on est en altitude, soit on se rapproche vraiment de cet obsédant "Nord". La végétation est 50% de pins et 50% de bouleaux, des arbres pas plus de 10m de haut. Je vois souvent des traces de neige dans le paysage et je commence à me demander si je ne suis pas sous-équipé pour le froid. Je me rend compte plus tard que nous étions en fait à plus de 600m d'altitude, comme un 1800m en Suisse.
Le train a du retard, nous sommes à Bodø à 11h au lieu de 9h. À la gare, je chourre 4 plaids (couverture) que les gens ont laissés derrières eux.
Quand je sors, il y a deux policiers habillés en Robocop et l'air sévère qui montent la garde et scrutent les voyageurs. Je me promène un peu dans la ville et je demande dans La Caserne des Pompiers une boucle de ceinture pour mon cher ami Basile, volontaire à Genève. Malheureusement impossible car il faudrait la commander, mais je reçois un... que le Capitaine me remet personnellement. Je vais à l'office de tourisme pour voir ce qu'il y a à visiter et on me conseille un musée de l'aviation, "gratuit". Je m'y rends à pieds.
Sur place, environ CHF 15.- ça fait un peu chier de se faire arnaquer alors que j'ai demandé 2 fois si c'était vraiment gratuit. Mais bon, ils savent très bien comment ça marche: j'ai pas balladé mon gros sac sur 5km pour dire "Ah non tant pis."
Le musée est super bien fait et je conseille à toutes les personnes aimant les avions ou l'Histoire qui passeraient par Bodø de s'y rendre. Je l'explore pendant plus de 4h. Il se divise en gros en deux, aviation civile et militaire. Plus tour de contrôle, simulateur de vol (passif et payant), jeux et explications physique de l'air etc.

Maquette montrant la structure interne d'un avion "biplan".

Combinaison de vol offerte par le pilote du célèbre avion U-2 abattu au dessus de l'URSS pendant la guerre froide.

Avion que j'ai moi-même photographié depuis l'ancienne tour de contrôle.



Après cette visite, je décide de trouver le bus qui me mènera au plus gros Maelström du monde, à Saltstraumen. Le dit bus, arrive dans une heure et met 30min pour y arriver donc: AUTOSTOP.
Enfin pas vraiment. Me dirigeant vers mon prochain spot, je découvre une voiture déjà arrêtée. Le conducteur téléphone, j'attends qu'il finisse et lui demande de me pousser, ce qu'il fait. Il a un symbole handicapé bleu sur sa voiture, d'où le "H". À peine largué, je n'ai pas le temps de poser le sac qu'un couple s'arrête et m'arrache. Au suivant, je pose mon sac, m'apprête à prendre ma bouteille d'eau. "Hiiiiiiiii !" Le père de famille plante les freins et me fais monter dans son 4x4 où s'entassent déjà 3 ados et 2 chiens (qui puent sinon c'est pas drôle). J'arrive au Pont de Saltstraumen en 20 minutes, temps d'attente compris. Ça devient presque décevant l'autostop parfois...










Un maelström, c'est ça, un tourbillon qui peut t'aspirer, c'est provoqué par le courant de marée dans un détroit, ici étroit et profond, ça en fait le plus puissant du monde.

Je me pose ensuite au camping (200m du pont) et je doooooors.

Vendredi 25 juillet Bodø - Narvik 313km (barbu hippie 10km, volvoman 43km, Iran 10km, roux bluezy BMW 154km, couple terror 95km, mes pieds 1km)
Réveil à 8h, je fais le point avec mes cartes et je me rends compte que (*) le réveil à 7h30 dans le train d'hier, correspond très exactement au moment où il franchissait la mythique limite du Cercle Polaire Arctique !
J'avance assez lentement, et après le barbu, volvoman, Iran (c'est d'où il vient et tout ce qu'il parvient à me faire comprendre sans parler anglais), j'attend 2 bonnes heures avant d'être pris par le roux bluezy BMW. Il roule à toujours à plus de 100km/h, est roux et écoute du blues dans sa BM'. Il fait des dépassements très limites, avec parfois une voiture en face qu'il évite à la dernière minute, fait rugir son moteur et crisser ses pneus dans les virages. Avec lui je parcours 154km en moins d'1h30, et pas sur l'autoroute... . D'ailleurs les paysages changent, comme vous pouvez le voir. Ces photos ont été très difficiles à prendre, car avec la vitesse, ça bougeait dans tous les sens, je devais compenser, avoir un oeil sur la route pour prévoir véhicules et arbres. Et surtout, le vent !











Là, 150km/h.

On voit le toit ouvert par lequel je prenais les photos.



Comme presque tous les Norvégiens qui me conduisent, il m'explique des choses sur les lieux traversés, comme par exemple le fait que je traverse 17 tunnels entre le moment où il me prend et me dépose.

Ou que les montagnes que je vois là sont en fait le début des Îles Lofoten (à voir absolument lors de mon prochain voyage en Norvège).

Les routes sont comparables à celle que vous emprunteriez pour vous rendre à St-Cergue. J'ai ma dose d'adrénaline pour le reste du voyage je crois... Mais cela paye, je saute de sa voiture et cours littéralement dans le ferry, juste avant que celui- ci ne parte. Là, je mange une glace et passe un moment à prendre des photos du paysage splendide qui s'ouvre à moi puis prospecte pour une voiture qui me conduira au prochain camping.





Dans le ferry, je trouve un couple de vieux (couple terror) qui me permettent de faire les 95 derniers kilomètres de l'étape du jour. Eux me disent que selon les services météo de Norvège, j'ai le cul bordé de nouilles (mais non ils disent pas ça). Que le pays n'a pas eu aussi beau, aussi longtemps, aussi chaud et partout depuis... JAMAIS ! 1er été ainsi, histori-véridique. Et je n'ai pas vu de moustique depuis le maudit camping de Solheim.
J'en profite pour me renseigner sur une dépêche que j'ai vu traîner dans une station-service quelque jours plus tôt. Cela montrait un policier lourdement armé, montant la garde devant un bâtiment et le titre contenait le seul mot compréhensible pour moi, "terrorisme". La conductrice écoute la radio et me traduit en simultané (que je traduis à mon tout et résume): "Il y aurait un groupe Islamo-terroriste provenant de Syrie, s'apprêtant à faire un gros attentat en Norvège (qui elle travaille avec l'OTAN et les Amerloques, faut pas s'étonner après...). Selon Al-Quaïda, ce groupe est complètement taré, ce qui donne une idée de leur dangerosité. Les citoyens sont appelés à être vigilants etc."
Ceci explique les 2 Robocops de Bodø. Allant moi-même vers le Nord (Eh oui, toujours.) et les régions les moins peuplées de Norvège, je ne m'inquiète pas. J'espère juste que rien ne se passera "d'explosif", ça serait triste.
Me voilà au camping, paré à dormir après mon sempiternel quotidien, tente douche repas et point sur cartes.




Samedi 26 juillet 2014 Narvik - Leaibevuotna 617km !
(charpentier sac poubelle 18km, F*CKING GREAT NORVEGIAN 594km, mes pieds 5km)
Je réussis pour la première fois depuis longtemps à me réveiller à 6h. Je petit déjeune à 6h30 et suis sur la ligne de départ à 7h30. La météo est très médiocre, le ciel est bas (les nuages bande d'incultes), une pluie fine tombe et le vent se lève. J'attend ainsi pendant 1/2h mon premier "conducteur". C'est un sympathique charpentier, il me dit que dans le bled où il va me déposer, il y aura tout-à-l'heure une grosse fête, avec course de bateaux, show de Monster-Trucks etc. Au moment de me déposer devant la coop, il me donne tout un tas de sacs poubelle pour couvrir mon barda car il se remet à pleuvoir et je les accepte poliment, en le remerciant, je fais mes comm's et marche un petit bout pour trouver le bon spot, l'habituel, l'usuel et très matériel, j'ai nommé: L'Arrêt de Bus (avec cabane, s'il-vous plait). Tout semble aller pour le mieux, le soleil montre le bout de son nez, mais le temps passe, personne ne s'arrête, et passe le temps teeeeeeemps, teeeeeeeeeeeeemps. Comme le spot est vraiment parfait, je ne bouge pas, je mange, je joue avec des petits gravillons, je tue le taon (héhé) qui essaye de me piquer. Le désespoir me gagne. C'est là qu'une voiture s'arrête, avec une remorque et un bateau dessus. Je prends mon sac et m'apprêtant à le mettre à l'arrière, je vois que c'est plein à ras-bord. Le conducteur n'avait pas vu que j'étais chargé (j'avais enfreint une de mes propres règles sur l'autostop "on doit toujours voir le sac en premier"). Je propose de mettre le sac dans le bateau, le gars me dit non et me fait signe de dégager comme une merde. Et A-T-T-E-N-D-U-U-U-U-U-U. Tellement longtemps. Mais le fait que celui-ci se soit arrêté, même sans me prendre me redonne espoir qu'un autre s'arrête, mais dans combien de t... ? Au final, désespéré, je ne lève le pouce que pour une voiture sur deux, attendant le bus qui va peut-être passer (j'en sais rien, y'a pas d'horaires).
Pendant que je me remet à lever le pouce systématiquement (tracteurs, moto et cyclistes compris) et que j'attends, quelque chose d'inattendu se produit.
Une voiture s'arrête... Je prends mon sac, vais vers le gars qui ouvre sa fenêtre et me dit un truc qui ressemble à "Aymegoowingtoygoya !" Certes. Je lui dis "What!? I'm going to the North Cape." Et lui me répond "Oh ! Sorry ! Me too." Ai-je bien entendu? Je met mon sac dans le coffre, monte dans la voiture et c'est parti. on parle un moment de mon bout de voyage, du fait que je viens d'attendre 5 HEURES !!!
Et là je lui demande si ce que j'ai entendu avant est juste et lui me dit qu'il ne va pas vraiment au Cap Nord, mais qu'il bifurque vers une île... Je me dis merde. Et lui me dit qu'il me laisse à la bifurcation, c'est à environ 150km du Cap selon lui. Et là je commence à réaliser...
Comme je l'ai fait dans mon journal manuscrit, en signe de respect et de remerciement, quatre lignes de recueillement autour de son record.




Jørn Sletvold Nilsen 594km




Je ne saurais décrire tous les paysages que nous traversons. Je décide de ne pas les prendre en photo, pour laisser à ma mémoire ce travail, la concentration dans la contemplation. Le nombre de kilomètres ahurissant, parcouru presque d'une traite me laisse peu de chance de me souvenir de tout.
Ainsi, quand vous me demanderez de vous décrire ces paysages, le temps en aura effacé les limites et je vous conterait ce dont l'imaginaire se souvient, celui qu'on trouve dans ces rêves étranges où la réalité se déforme, des montagnes au sommets acérés comme des lames, plongeant dans des eaux turquoises, des brumes fantomatiques embaumant des pics fantasmagorique. Des couleurs estompées par l'absence de soleil, puis tout d'un coup une tâche verdoyante presque violente, quand le soleil perce une croûte épaisse de nuages.
J'ai envie de pleurer en écrivant ces lignes, en repensant à ces beautés que je reverrais dès que je pourrais, trop heureux de ne pas les avoirs prises en photo. Qui peut s’approprier l'image de lieu tellement forts, presque sacrés. Certainement pas moi.
Tantôt arrondis, tantôt piquants, les sommets défilent, tandis que la fatigue me gagne et que les arbres commencent à disparaître. Et puis la plaine s'ouvre, dévoilant une route droite, si longue que je n'en vois pas le bout. Le soleil fait son apparition par dessous les nuages, comme survolant le sol et inondant de ses rayons les mousses, prairies et rivières qui serpentent. Je vois alors mes premiers rennes...
Pendant tout ce trajet au pays du rêve, en même temps que mes yeux se nourrissent à en déborder, nous évoquons mille sujets avec Jørn. Mon ami d'un jour, mais quel ami !

Puis là, camping et rencontre avec un couple d'Allemands qui est passé par la Finlande, va au Cap puis redescendra par la Norvège. Je leur consacre une heure de mon précieux temps pour exposer des dizaines de lieux magiques où selon moi, ils doivent passer.
Vient ensuite le moment des songes, les vrais, ceux que l'on fait en dormant.

Dimanche 27 juillet 2014 Leaibevuotna - Nordkapp 129km (vieux gars d'Honningsvåg 66km, bus 20km, les Français 6km, les Allemands 12km, mes pieds 25km)
Je me lève à 8h, quelques nuages épars et surtout le vent qui me protège des moustiques. Je pars vers 9h30 et décide de marcher, levant le pouce quand de trop rares véhicules passent. Je marche ainsi 5km et pose mon baluchon devant le panneau NORDKAPP 125KM.
3h plus tard, je me remet en route pour 5km. Sur mon nouveau spot, un arrêt de bus, j'attends 15 minutes et le gars d'Honningsvåg (ville de la commune de Nordkapp), m'arrache à mon joli point de vue. Il reste quelque bouleaux sur le chemin, des hameaux de pêcheur et des rennes. Après un long tunnel, menant à l'Île de Magerøya (île du Cap), il n'y a plus d'arbres, pas un. Il me pose près de sa ville, le temps de manger une pomme et je suis pris en stop par un bus à deux étages, vide. Le gars me dit qu'il peut me pousser sur la moitié du chemin car c'est un bus navette qui vient d'être réparé, et que c'est une course d'essais.
Quand il me dépose sur une air de picnic, au milieu du plus "nulle part" que je connaisse, je constate qu'une sangle maîtresse de mon sac à dos est sur le point de se déchirer. Pour un sac à CHF 150.- acheté il y a 10 jours, ça fait un peu mal au porte-monnaie. Je marche le long de la route, car je sais que je raccourcis significativement la distance qui me sépare maintenant du N... . Et ce sont des Français qui me poussent avec légèreté sur 6km. Je marche encore et encore, puis un camping-car s'arrête, ce sont des Allemands. Ils s'arrêtent quelque kilomètres avant le Cap pour me laisser prendre en photo ce qui vient d'apparaître derrière une colline, une sphère blanche... On repart et arrivé devant l'entrée du site, j'apprends que l'entrée coûte près de CHF 30.- la femme me dit d'aller aux toilettes, je ne comprends pas. Je n'ai pas besoin d'aller aux toilettes, même si c'est payant là-bas, je ne veux pas maintenant. Elle me pousse à l'intérieur et claque la porte derrière moi, je viens de comprendre. Je n'ai pas le temps de m'asseoir que le bus démarre en trombe. Je me casse la gueule entre la cuvette et la mini-douche.

Ainsi, je fais mon entrée triomphale au NORTH CAPE caché dans les W.C. d'un camping-car.

Je les remercie puis vais voir ce fameux globe, prend des tas de photos et marche pendant près de 3h. Je rencontre un groupe de Tchèques qui viennent de terminer une "Hitch-hick Race" depuis leur pays. Ils étaient 14 à partir de République Tchèque, par paires. Je passe un bout de la soirée avec eux, plante ma tente près des leurs. Je n'ai plus d'argent pour m'acheter un magnifique pull trouvable qu'ici, ça me casse un peu, mais les Tchèques sont vraiment sympa et on se marre bien.
Nous attendons le soleil de minuit, mais c'est le brouillard qui se lève et vient gâcher la fête. Pour moi ce n'est que partie remise, car c'est sûr, je reviendrais !

La sphère blanche


Ma première vision du globe, avec des enfants jouant à l'intérieur.


Les Allemands du camping de la veille, retrouvés sur place.

Dédicace à la Taverne de la République.




Mon cairn équilibriste, peu stable mais esthétique.

Le même cairn bien à sa place,

tout petit dans son environnement majestueux.

Entre le rocher et l'appareil, une falaise de 300m, courir et sauter pour arriver dans le temps du minuteur...

Une falaise de ce genre.

Renne



The edge of the mirror.

Fleur du Nord






300m et ça n'est qu'après que j'ai découvert que j'étais sur un instable surplomb rocheux.

La vue de ma maison quand je prépare ma soupe.


Brouillard arrivant tel une vague, il parait lent, mais il va aussi vite qu'un tsunami.


Et recouvre bientôt tout d'un épais manteau blanc, froid et humide.